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L'Egypte Antique : Ramses II Le Pharaon Légendaire

Son origine et corégence avec Séthi I


Ramsès II (ou Ramesses) est le IIIe Pharaon de la XIXe dynastie. Il est le fils de Séthi I et de la Reine Mouttouya (ou Touy ou Touya). Manéthon l’appelle Rapsacês ou Rhapsakes (Africanus) ou Rampsês ou Harmessês Meïamoun (Flavius Josèphe) ou Rhampses ou Rampses (Eusebius). Autour de l'an 9 de son règne, Séthi I nomme son fils Ramsès II comme Prince héritier et donc son successeur, mais la preuve d'une corégence entre les deux Rois est discutée entre les spécialistes, certains pensant même qu'elle n'exista pas. D'autres avancent au contraire que par cette action Séthi I instaure de nouveau la succession héréditaire du pouvoir.

 Peter J.Brand, qui a publié une biographie complète sur ce Pharaon, souligne dans sa théorie que les diverses décorations et reliefs dans les temples de Karnak et Abydos qui associent Ramsès II avec son père, ont effectivement été sculptés après la mort de Séthi I par Ramsès II lui-même, et, par conséquent, ne peuvent pas être utilisés comme preuve pour soutenir une corégence entre les deux monarques. William Joseph Murnane qui avait approuvé la théorie de la corégence a révisé son point de vue et rejette aujourd'hui l'idée que Ramsès II avait commencé à compter ses propres années de règne alors que Sethi I était encore en vie.

Kenneth Anderson Kitchen pense lui qu'il s'agit d'une erreur de lecture du terme et qu'il ne faut pas comprendre "corégence", mais il décrit la carrière de Ramsès II comme "Prince Régent", où le jeune Ramsès a tous les attributs de la royauté, y compris l'utilisation d'une titulature royale, mais ne comptera ses années de règne qu'après la mort de son père. Peter J.Brand précise que deux inscriptions importantes de Ramsès II, à savoir à Abydos, datée de son an 1 et sur la stèle de Kouban, présentent seulement ses titres comme ceux d'un Prince de la couronne, avec quelques titres militaires.

Par conséquent, aucune preuve claire ne soutient l'hypothèse qu'il fut Corégent de son père. Thomas Garnet Henry James, parlant de l'inscription d'Abydos, nous dit que le texte en hyperbole ne donne guère de détails. Ramsès II affirme que son père lui avait déjà donné l'Égypte par principe : "Quand j'étais dans l'œuf" ou "Alors que je n'étais qu'un enfant dans ses bras". Séthi I déclara devant le peuple : "Couronnez-le que je puisse voir sa beauté de mon vivant". Il s'agit là bien évidemment d'un mythe, Ramsès II n'étant plus un enfant lorsqu'il devint "Corégent". Toujours selon T.G.H.James, il devait approcher les 25 ans. Comme on le voit la preuve formelle d'une corégence est assez ambigüe.

Son règne


Manéthon lui compte 66 ans et 2 mois de règne (Josèphe Flavius) ou 66 ans (Eusebius, Africanus). Cette durée semble correcte, ce qui fait dire aux spécialistes que Ramsès II dut vivre au moins jusqu'à 90 ans, ce qui est exceptionnel pour l'époque. Il devient Roi vers l'âge de 25 ans. Beaucoup d'égyptologues, dont Jurgen von Beckerath pensent qu'il accéda au trône à la date précise du 31 mai 1279 (27e jour du IIIe mois de la saison Shemou). Comme le précise David O'Connor il va célébrer 14 fêtes Sed (ou Heb-Sed) au cours de son règne. Brillant homme de guerre et grand bâtisseur, ce Pharaon, à la descendance considérable est sûrement un des plus importants personnages de l’histoire de l’Égypte. Son règne sera très marqué par une forte activité dans les mines d’or et les carrières du au développement de Pi-Ramsès ; par une importante activité de construction et par une politique étrangère très active en terme de campagnes militaires.

Très tôt Ramsès II regarda vers l'Est et commença à envisager des expéditions militaires dans une région qui fut dominée par l'Égypte jusqu'à Amenhotep III (1390-1353/52). Son père avait bien repris possession de ces territoires en pays de Canaan, mais sitôt son retour en Égypte une partie, au Nord, fut de nouveau perdus. Comme le précise Thomas Garnet Henry James, la présence des Hittites dans cette région du Nord de la Palestine constituait un facteur important dans un système d'équilibre des pouvoirs en Asie occidentale et l'instabilité chronique de la région allait inévitablement mener à un conflit entre les deux nations.

Sa première bataille : L'an 2, les Shardanes

Dès l'an 2 de son règne Ramsès II va devoir prendre les armes pour défendre son pays. En effet, les Shardanes (^rdn.w, ou Sardanes ou Sherden ou Shirdana ou Chardanes), peuple de pirates des mers, faisaient des ravages le long de la côte Méditerranéenne Égyptienne. Ils attaquaient les bateaux chargés de marchandises qui voyageaient sur les routes maritimes vers le pays de Pharaon. Selon certains spécialistes, dont Nicolas Grimal, c'était un peuple qui venait probablement des côtes de Ionie, où du Sud-ouest de la Turquie actuelle. Joyce Anne Tyldesley nous dit que Ramsès II ne va pas chercher l'affrontement direct, mais va user plutôt de ruses.

Il va poster des troupes et des navires à des points stratégiques le long de la côte et patiemment attendre les pirates pour les attaquer adroitement, par surprise, dans une bataille navale et les capturer tous en une seule fois. Une stèle érigée à Tanis raconte cette bataille : "Dans leurs navires de guerre au milieu de la mer aucun ne fut en mesure de résister devant Pharaon". En fait cette bataille a plutôt du avoir lieu dans l'embouchure du Delta. Peu après de nombreux Shardanes furent enrôlés dans les armées de Ramsès II, certains dans sa garde personnel. Ils joueront un rôle crucial dans la bataille de Kadesh. Ils étaient reconnaissables à leur casque brillant avec une boule au milieu et des grands boucliers ronds.

La campagne de l'an 4 : La conquête de l'Amourrou


De son côté, en 1279, l'Empereur des Hittites, Mouwatalli II (ou Muwatallish ou Moutallou, 1295-1272) se rendit compte que l'arrivée au pouvoir de Ramsès II constituait un danger pour lui. Il ne se trompait pas, la première campagne d'Asie du Pharaon eut lieu vers 1276/1275, nous manquons de précisions sue la date exacte, seules deux inscriptions laissées par Ramsès II à Byblos et à Nahr el-Kelb, au Nord-est, près de l'actuelle Beyrouth, attestent de la véracité de cette campagne. Il n'existe pas en Égypte de trace de ces faits. Les armées Égyptiennes auraient rapidement traversées le pays de Canaan, puis l'expédition militaire serait remontée jusqu’en Phénicie et en Amourrou (Liban aujourd'hui). Dans ce dernier Ramsès II auraient réussi à convaincre le Roi Benteshina (ou Bentešina ou Pendishena, 1280-1274, puis de 1260-v.1230) de changer de camps et de lui prêter allégeance, alors que depuis le Roi Azirou (v.1344-v.1315) l'Amourrou était vassal des Hittites.

Benteshina cassait ainsi le traité passé par son prédécesseur avec eux. On pense que cette campagne avait pour but de préparer celle de l'an 5, en effet Benteshina apportera un soutien décisif a Ramsès II lors de la bataille de Kadesh (ou Qadesh) fin Mai 1274. Elle permit quand même au Pharaon de reprendre de nombreuses petites villes soumises à d'autres maîtres. Cependant le changement d'allégeance du Roi d'Amourrou ne fit pas du tout l'affaire des Hittites qui étaient entourés de vassaux qu'ils mataient en cas de rébellions et dont la puissance reposait sur des alliances stratégiques. Comme le précise Thomas Garnet Henry James, de plus l'Égypte était à l'abri d'une attaque directe, alors que par contre il lui était très facile de contrecarrer les ambitions Hittites.


La campagne de l'an 5 : La bataille de Kadesh


La rivalité entre les deux puissances ne pouvait donc trouver une issue qu'en Asie. Elle se produisit à Kadesh à l'Est de l'Amourrou, peu après le début de l'an 5 de Ramsès II. T.G.H.James présente le déroulement des faits ainsi : Au cours de l'hiver qui suivit la première expédition victorieuse de Ramsès II, Mouwatalli II avait commencé à rassembler des forces autour de son Empire et avait concentré une énorme coalition de ses vassaux Anatoliens et Syriens. Ramsès II, bien informé des mouvement de troupes Hittites compris que sa deuxième campagne serait plus compliqué à gérer. Il prit des dispositions et leva une importante armée en demandant une participation à ses alliés, dont Benteshina faisait maintenant parti.

L'opération fut lancée au printemps 1274 et fin Mai le Pharaon partit de sa capitale Pi-Ramsès vers le Nord à la tête d'une immense troupe de 20 000 hommes, chars et infanterie, constituée de quatre divisions portant les noms d'Amon, Ptah, Rê (P're) et Seth (Suteh). Malgré cette force, "sa victoire", Ramsès ne va la devoir qu’à l’acharnement de sa garde, les Shardanes (ou Sardanes ou Sherden ou Shirdana ou Chardanes) et le gros soutien de Benteshina. Ramsès II qui commande le premier corps d’armée se laisse abuser par des espions ennemis et se retrouve surpris alors que son armée est au repos au campement. Les Shardanes vont résister jusqu'à l’arrivée de l'armée des Néarins (ou Ne'arin) de Benteshina.

Cette bataille est décrite en détail dans un long poème épique connu sous le nom de Penthaour. Ces conséquences vont avoir une importance considérable pour la suite du règne du Pharaon. Les armés Égyptiennes et Hittites se retirèrent après ce dur affrontement, à l'issue apparemment indécise, dans leur territoire respectif. Ramsès II, sans hélas avoir pris Kadesh, dans sa capitale du Delta, quand à Mouwatalli II ses forces ne firent pas immédiatement retraites vers leur capitale Hattousa.

Du fait du recul des Égyptiens, les Hittites profitèrent de la situation pour descendre vers le Sud. Benteshina se retrouva isolé et abandonné a ces derniers qui reprirent l'Amourrou et la région Syrienne de Ube (ou Upe), près de la cité-État Araméenne de Damas. Ils capturèrent le Roi et donnèrent son royaume à un homme de leur confiance, Shapili (ou Šapili, v.1274-v.1260) qui fut nommé Roi d' Amourrou. En dehors de sa nomination par Mouwatalli II on ne sait rien à propos de cet individu. Le récit de la nomination de Shapili est brièvement décrit dans le traité du Roi Shaushga-Muwa (v.1230-v.1210) et dans des textes parallèles. Toutefois, menacés à l'Est par les Assyriens, les Hittites arrêtèrent là leur progression. Pendant plusieurs années, Ramsès II, qui avait bien d'autres préoccupations, jugea plus prudent de ne pas renouveler l'opération en Asie. Il ne souhaitait pas s'engager dans une autre campagne sans être certain d'une vraie victoire. Grâce à cette campagne, après le partage de la Syrie avec les Hittites, l'Égypte gagnera une paix relative avec cet État de plus de quarante ans.


Ramsès II et la Nubie


Au Sud, Ramsès II va pacifier le pays de Kouch (Nubie). Dans le temple Nubien de Beit el-Ouali on trouve des bas-reliefs qui représentent des scènes de guerre. Une série d'entre elles est consacrée à cette campagne de Nubie. On y apprend que les fils du Pharaon, Amonherkhepshef (ou Amonherounemef) et Khâemouaset y prirent part. On peut voir aussi sur ces bas-reliefs le tribut qu'offrent les Nubiens sous le contrôle du vice-Roi de Nubie Aménémopet, fils de Paser. Beaucoup de spécialistes pensent que si cette campagne eût effectivement lieu, il est probable qu'elle se soit limitée à quelques escarmouches en Nubie inférieure. Les bas-reliefs de Beit el-Ouali servirent de support à des récits de batailles héroïques, mais peu vraisemblables.

 Thomas Garnet Henry James nous dit qu'en fait, pendant tout le règne de Ramsès II, la Nubie resta une terre pacifiée, bien contrôlée par les Égyptiens, mais peut-être pas de manière permanente. Le Pharaon confiera ces terres à des vice-Rois, portant le nom officiel de "Fils Royal de Kouch", qui lui étaient dévoués et qui gèreront si efficacement la région qu'ils vont acquérir d'énormes richesses. Le souverain encouragea le développement urbain en Nubie et établit un nouveau centre administratif à Amara, entre la IIe et la IIIe cataracte. L'endroit reçut le nom de "Pi-Ramsès Mériamon" et devint la résidence du vice-Roi, qui vivait auparavant dans la forteresse de Bouhen. Le vice-Roi Sétaou (ou Setau), qui fut en poste vers la fin du règne de Ramsès II, est reconnu pour s'être très impliqué à maintenir la paix dans la région. Cependant malgré cette paix relative, Sétaou nous indique, sur une grande stèle érigée au temple d'Ouâdi es-Séboua, une campagne contre Irem.

Irem était une région de Nubie dont ignore, encore aujourd'hui, la localisation exacte. On la situe juste à l'Ouest du Nil, au Sud de la IIIe cataracte, dans une zone dominée autrefois par le royaume de Kerma. Dans cette région éloignée du pouvoir Égyptien, une tradition d'indépendance y persistait, et déjà Séthi I (1294-1279) avait dû faire face à une révolte d'Irem. En l'an 38 de son règne, soit vers 1242, Ramsès II doit mâter une rébellion d'Irem qui entraîne l'envoi d'une expédition punitive. Les murs de la ville d'Amara nous relatent cet épisode où le Pharaon fit 7 000 prisonniers. Plusieurs de ses fils participèrent à cette expédition, mais seulement le nom de deux d'entre eux nous est connus, Mérenptah et son 8e fils Amonemouia (ou Sethemouia).


La fin du règne


L’Égypte pendant le règne de Ramsès II connaît un essor économique important dut aux richesses recueillies auprès d'autres Empires. Le Pharaon développa le port et les industries de Memphis. Il fit construire un grand port sur la Mer Méditerranée où s'arrêtaient les marchands Grecs et Phéniciens, port qui plus tard portera le nom d'Alexandrie. II favorisa l'ouverture de la Religion Égyptienne aux Dieux étrangers, le souverain instaura le culte de Baal (Dieu de l'orage dans une autre culture) dans sa capitale.

Ramsès II va avoir une fin de règne endeuillée par la disparition successive de beaucoup de ses héritiers et épouses, en particulier sa préférée, Néfertari. Il meurt âgé d'environ 90 ans après un règne de 66 ans, qui correspond à plus de la moitié de la durée de la XIXe dynastie. Les chercheurs ont identifié qu'il souffrait de graves problèmes dentaires, d'arthrite et d'un durcissement des artères. Neuf autres Pharaons après lui prendront le nom de Ramsès en son honneur, mais aucun n'égalera sa grandeur. Presque tous ses sujets pensaient que sans lui ce serait la fin du monde !. De ce fait il va devenir le personnage légendaire qu'il avait voulu être de son vivant, mais ce ne sera pas assez pour protéger l'Égypte. Moins de 150 ans après sa mort, le pays va tomber et le Nouvel Empire prendre fin.


Ses constructions


Ramsès II va être un grand bâtisseur. Il est vrai que par rapport aux autres souverains de l'Égypte antique il aura le temps puisque son règne fut excessivement long. Il va construire dans toute l'Égypte et en Nubie, et ses cartouches seront toujours bien placés en évidence, même, selon certains égyptologues, dont Amelia Ann Blanford Edwards, des bâtiments qu'il n'avait pas fait construire. Il va non seulement couvrir le pays de monuments, ou statues colossales, du Delta à la Nubie, mais il va aussi ériger une ville dans le Delta, qu'il prendra comme nouvelle capitale, appelée Pi-Ramsès "la maison de Ramsès", sur un lieu qui avait déjà servi de palais d'été au cours du règne de Séthi I (1294-1279).

Ses réalisations majeures sont :

• Dans le temple de Louxor, il ajoute le pylône, dont le parvis était orné de six colosses, quatre debout et deux assis, tous à son nom, ainsi que deux obélisques et une deuxième cour à portiques, d'un style typique de la XIXe dynastie avec ses colonnes massives qui rappellent celles des bas-côtés de la salle hypostyle de Karnak. Cette cour Ramsès II l'orna de colosses alternant avec les colonnes, tandis que deux autres colosses assis, à son effigie, précédaient l'entrée de la colonnade processionnelle construite par Amenhotep III (1390-1353/52).

Pour édifier cette nouvelle cour, les architectes de Ramsès II durent modifier l'axe du temple afin que la nouvelle entrée s'aligne sur l'allée menant de Karnak à Louxor. Dans un texte inscrit sur le grand pylône d'entrée, Ramsès II s'attribue le mérite de la conception du bâtiment et déclare qu'il s'occupera personnellement des travaux. Le chantier fut certainement rapide car l'inscription affirme qu'il fut terminé en l'an 3 du Pharaon.

Le Ramesseum. Le temple de Ramsès II, connu depuis le XIXe siècle sous le nom de Ramesseum est construit durant la 3e année de règne du Pharaon. Il est érigé entre Qurna et le désert, en face de Louxor, à un emplacement pratiquement vierge avant. C'est pour certains égyptologues c'est le projet de construction le plus audacieux depuis la construction des grandes pyramides. L'historien Grec Diodore de Sicile (v.90-v.30 av.J.C) en fera une description fidèle et brillante tellement il fut émerveillé, bien que le temple à son époque fut sûrement déjà en ruine.

Orienté Nord-ouest et Sud-est, le temple lui-même était précédé de deux pylônes donnant sur deux cours à portiques et une grande salle hypostyle. Un pylône énorme se tenait devant la première cour, avec le palais royal sur la gauche et une gigantesque statue du Roi en granit rose à l'arrière. Seuls des fragments de la base et le torse reste de cette statue du Pharaon. Elle mesurait plus de 17 mètres de haut pour un poids estimé à plus de 1.000 tonnes.

 Les scènes de Pharaon triomphant avec son armée sur les Hittites à la bataille de Kadesh sont gravées sur le pylône. Des scènes de cette bataille sont aussi visibles sur les murs de la seconde cour. 39 des 48 colonnes dans la grande salle hypostyle, qui mesure 41m x 31m, se dressent encore sur les lignes centrales. Elles sont décorées avec des scènes habituelles du souverain devant les différents Dieux. Une partie du plafond décoré d'étoiles dorées sur fond bleu, a également été préservé. Le sanctuaire est composé de trois salles en enfilade, avec huit colonnes. Une partie de la première salle a son plafond orné de scènes astrales. Tout autour du temple se trouvait aussi de vaste magasins construits en brique et l'on a retrouvé parmi les ruines, des traces d'une école de scribes. Un temple de Séthi I dont il ne reste maintenant que les fondations, se trouvait autrefois à la droite de la salle hypostyle.

• Pi-Ramsès. Ramsès II décide de déplacer la capitale de son royaume de Thèbes dans la vallée du Nil, vers un nouveau site dans la partie orientale du Delta. La nouvelle ville se nommait Pi-Ramsès (ou Pi-Ramesse ou Per-Ramsès ou Aa-nakhtu ou Per-Rames-su-méri-amon-pa-ka-aa-en-pa Ra-Hor-achti "La maison dans la ville de Ramsès" en Égyptien, ou Qantir en arabe). L'emplacement exact du site fut très longtemps sujet à plusieurs interprétations. Pour l'égyptologue Pierre Montet, Pi-Ramsès se trouvait sur le site de Tanis, où il mit à jour entre 1929 et 1939 un temple d'Amon.

Pour d'autres il s'agissait du site même de Qantir, où furent retrouvés beaucoup d'objets datant de la XIXe dynastie. Ces idées furent abandonnées depuis la découverte, dans les années 1960, par l'égyptologue Manfred Bietak d'un autre site. Aujourd'hui on pense que c'est ce dernier qui abrita la ville de Ramsès II. Il se situe précisément entre Tell el-Dab'a (ou Tell el-Dabaä), Qantir et Khatana, sur la branche pélusiaque du Nil, à environ 1 km des bases de l’ancienne Avaris, la capitale des Hyksôs de la XVe dynastie (v.1663 à 1530).

 Le port doté de vastes docks pouvait accueillir de nombreux bateaux. Il était facilement accessible depuis la Méditerranée. La cité était la première défense de la vallée du Nil contre une éventuelle invasion. Les armées de mer et de terre de Ramsès II étaient cantonnées à proximité de la ville, donc des frontières asiatiques et pouvaient être rapidement mobilisées pour faire face aux incursions des Hittites ou des Shasous (ou Shasus, Shsw), bédouins localisés d'abord en Transjordanie, qui sont ensuite cités en Palestine du Sud. (Voir l'article sur Pi-Ramsès).

• Abou Simbel. Le grand temple d'Abou Simbel sera inauguré par Ramsès II et le Reine Néfertari en 1255, lors de leur voyage en Nubie. Ce grand temple du Pharaon fut découvert en 1813 par le célèbre orientaliste Suisse et voyageur Johann Ludwig Burckhardt. Cependant, quatre années se sont écoulées avant que quelqu'un puisse entrer dans le temple, car un énorme tas de sable recouvrait presque complètement sa façade et ses statues colossales, bloquaient l'entrée. Cet exploit fut réalisé par l'Giovanni Battista Belzoni qui réussi à atteindre l'intérieur le 4 août 1817.

 À Abydos, Ramsès II fit ériger un temple cénotaphe proche de celui de son père. Ce dernier dont il achèvera la décoration. Pour se faire il réutilisa les blocs de pierre de l'ancienne capitale d'Amarna maintenant en ruine. Il était beaucoup plus petit et plus simple au niveau de sa conception que les autres temples de la cité. On a découvert dans le temple la deuxième liste royale des Tables d'Abydos. Cette liste de 17 noms est fragmentaire et est actuellement au British Museum. Cette tablette présente les cartouches des Rois précédents Ramsès II. Les cartouches sont indiqués dans deux rangées. Le temple de Ramsès II fut peut-être conçu avant son accession au trône, mais la plupart des décorations furent exécutées ultérieurement.

• À Memphis, Ramsès II fit agrandir le grand temple de Ptah (Hout-ka-Ptah Ht-ka-Ptah, "Le château du ka de Ptah") en lui ajoutant sur son axe Ouest une grande salle hypostyle précédée d'un pylône qui s'ouvrait sur les nécropoles, devant lequel il dressa des colosses. Il fit également construire une série de temples et chapelles sur le parvis du Sud de l'enceinte qui possédera un grand colosse à son effigie, qui gît malheureusement aujourd'hui sur le dos.

(voir l'article sur le Grand Temple de Ptah).

• À Bubastis, il fit décorer et restaurer la salle hypostyle du temple de Bastet. Tout autour des ruines, des débris divers portent encore les images qui devaient orner les murs de la salle et peut-être les plafonds ?. Dans cette grande salle on à découvert de nombreux vestiges de statues et colosses au nom de Ramsès II. On y a retrouvé récemment un colosse à l'image d'une de ses épouses royales, qui est aujourd'hui visible dans le champ de ruine de la cité antique.

 À Hermopolis, Ramsès II rebâtit le temple de Thot en réutilisant notamment les matériaux des temples voisins. Il fit ériger un pylône, construit à partir des matériaux récupérés sur le site d'Amarna située au Sud près d'Hermopolis, et des statues colossales. Sur un colosse du Pharaon, une de ses épouses (et fille), Henoutimrê (ou Hénoutimrê), est représentée avec la Princesse-Reine Bentanat I.

• On lui compte aussi de nombreux monuments et temples en Nubie. Ses premières campagnes sont illustrées sur les murs du temple de Beit el-Ouali où on trouve des bas-reliefs qui représentent des scènes de guerre. D'autres temples sont dédiés à Ramsès II dont ceux : De Derr, de Gerf Hussein. Il ne s'agit pas de bâtiments grandioses, ces temples étaient davantage des monuments d'apparat destinés au public. À l'occasion un petit nombre de Prêtres y célébraient peut-être quelques rituels.

Les temples d'Akcha au Nord de la frontière Soudanaise et d'Amara, au Sud, étaient certainement dépendants de villes. La plus tard de ces bâtiments apparurent au début du règne de Ramsès II, toutefois ceux de Gerf Hussein et de l' Ouâdi es-Séboua furent construits beaucoup plus tard, au moment de la construction du temple du vice-Roi Sétaou (ou Setau), en l'an 44 du Pharaon, avec "l'aide" des prisonniers Libyens.

En revanche, il est établi aujourd'hui par la majorité des spécialistes que Ramsès II fit aussi remplacer le nom de certains de ses prédécesseurs sur des constructions par le sien, lors de leur restauration, usurpant ainsi le monument. Ceci dit cette réputation d'usurpateur est à minimiser car certains monuments avaient été tellement endommagés au cours des années qui précédèrent l'avènement de la XIXe dynastie qu'ils ont nécessité une grande restauration, voire une reconstruction complète qui justifiait l'ajout de son cartouche.


Sa sépulture


La tombe de Ramsès II, KV7, se situe dans la vallée des Rois. Le tombeau est cartographié pour la première fois en 1737-1738 par Richard Pococke, puis par James Burton en 1825. Il sera ensuite fouillé plusieurs fois, par Harry Burton en 1913-1914, puis par Charles Maystre en 1938, et en 1978 par une équipe du Brooklyn Museum, enfin en 1993 par Christian Leblanc. Il faut noter qu'il est construit sur un plan au sol dont le style était abandonné depuis la fin de la XVIIIe dynastie. La tombe au total s'étend sur une longueur d'un peu plus de 168 m. Son entrée se trouve particulièrement basse dans la vallée, de ce fait elle fut vulnérable aux inondations. En raison des dommages qu'elles ont causées, une grande partie de la décoration des murs est endommagée ou manquante, mais la plupart des scènes ont pu être reconstituées avec des fragments.

En 1995, une équipe d'archéologues a mis au jour à proximité, une tombe gigantesque, KV5, où l’on découvre à chaque campagne de fouille de nouvelles salles, on n’en compte aujourd’hui plus de 120. D'après les objets et inscriptions trouvés sur place, il s'agirait de la sépulture des enfants de Ramsès. Ramsès II fut enterré dans son tombeau KV7, mais du fait des pillages dans l'Égypte antique les Prêtres décidèrent de transférer sa momie dans le tombeau KV17, puis dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari, découverte en 1881. Elle se trouve aujourd'hui au musée du Caire.


Sa momie


La momie de Ramsès II fut découverte en 1881, elle est facilement identifiable car le visage du souverain présente un nez crochu et forte mâchoire. Il mesurait 1,73 m. Elle fut examinée la première fois en 1886 par le docteur Fouquet et l'égyptologue Gaston Maspero qui firent les premières observations détaillées du corps et de ses diverses mensurations. Vers 1912, l'égyptologue Britannique Grafton Eliott Smith, constate les premières détériorations que subie la momie. En 1974, des égyptologues remarquèrent que son état s'était encore plus dégradé et qu'elle nécessitait d'être traitée pour une infection fongique. Ils décidèrent de l'emporter à Paris avec d'autres momies, dont celle du Pharaon Mérenptah, afin de les sauver et de les étudier pour connaître les causes de la mort des souverains.

 La momie de Ramsès II fut reçue à l'aéroport du Bourget, près de Paris, avec les honneurs militaires digne d'un Roi. C'est une équipe internationale dirigée par les professeurs Lionel Balout et Colette Roubet, qui fut chargée de la restauration de la dépouille royale. Puis les recherchent furent entreprises par une équipe Française, regroupant des professionnels de diverses disciplines médicales, sous la direction du Docteur Maurice Bucaille, avec quelques collaborateurs Égyptiens. Grâce aux nombreuses techniques médicales qui furent utilisées on obtint un diagnostique étonnant de l'état de santé du Pharaon. Les analyses révélèrent en premier lieu d'anciennes blessures et de vieilles fractures, ainsi que de l'arthrite

Les Égyptologues étaient également intéressés par le cou sensiblement mince de la momie. Après une radiographie ils constatèrent qu'il y avait un morceau de bois inséré dans la partie supérieure du thorax afin de garder la tête en place. On pense que, pendant le processus de momification la tête de Ramsès II avait dû être accidentellement défaite du corps. Dans la culture Égyptienne si une partie quelconque du corps se détachait, alors l'âme ne pouvait pas continuer à exister dans l'au-delà, par conséquent, les embaumeurs avaient procédé soigneusement à sa remise en place.

Depuis déjà des décennies on sait que Ramsès II à la fin de sa vie souffrait d'arthrite et qu'il devait marcher le dos voûté avec une canne. Les analyses permirent de préciser qu'il était atteint de spondylarthrite ankylosante. Toutefois les chercheurs précisèrent qu'en aucun cas cette maladie aurait pu entraîner sa mort. L'utilisation de films radiologiques de très haute sensibilité permis de mettre en évidence l'existence d'une très grave lésion de la mâchoire, une ostéite (Affection inflammatoire du tissu osseux) du maxillaire inférieure causée par un abcès dentaire. Maurice Bucaille en conclut que cette lésion fut suffisamment grave pour avoir causé la mort par infection, bien que cela ne puisse pas être déterminé avec certitude. L'inspection microscopique des racines des cheveux de Ramsès II suggère qu'il venait d'une famille de rouquins. 

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