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Y a-t-il une vie à la dérive dans les nuages de Vénus ?

Y a-t-il une vie à la dérive dans les nuages de Vénus

Crédits : Pixabay / GooKingSword

Un voyage aller-retour sur Vénus serait 30 à 50 % plus court qu’un simple billet aller pour Mars. On est alors en droit de se demander pourquoi tant d’efforts scientifiques se tournent vers la planète rouge au détriment de celle qui fut un jour la jumelle de la Terre. Surtout que Vénus, malgré des conditions dantesques, pourrait bien abriter quelques microbes.

Dans notre quête de l’existence d’une vie extraterrestre, nous avons depuis quelques années ciblé des objets précis. Mars, par exemple, a des caractéristiques géologiques qui laissent supposer que la planète rouge avait autrefois – et a toujours – de l’eau liquide sous sa surface, indispensable à la vie telle que nous la connaissons. Les scientifiques ont également observé les lunes de Saturne, Titan et Encelade, ainsi que les lunes de Jupiter, Europa, Ganymède et Callisto, en tant que refuges possibles pour la vie dans les océans situés sous leurs croûtes glacées. Aujourd’hui cependant, les scientifiques reprennent une vieille idée : et si la vie prospérait dans les nuages de Vénus ? 

Dirigée par Sanjay Limaye de l’Université du Wisconsin à Madison (États-Unis), une équipe internationale de chercheurs présente un argument en faveur de cette hypothèse dans un article publié par la revue Astrobiology. L’atmosphère vénusienne pourrait être une niche possible pour la vie microbienne extraterrestre. « Vénus a eu tout le temps de faire évoluer la vie par elle-même », explique le chercheur, notant que certaines théories suggèrent que Vénus a eu un climat habitable avec de l’eau liquide à sa surface pendant 2 milliards d’années. « C’est beaucoup plus long que ce que l’on croit sur Mars ».

Sur Terre, les micro-organismes terrestres – principalement des bactéries – sont capables d’être balayés dans l’atmosphère, où ils ont été trouvés à des altitudes atteignant 41 kilomètres. De nombreux microbes sont également connus pour évoluer dans des environnements incroyablement hostiles sur notre planète, y compris aux États-Unis dans les sources chaudes de Yellowstone. C’est aussi le cas à l’intérieur des bouches hydrothermales profondes des océans, dans les boues toxiques des zones polluées ou encore au sein les lacs acides du monde entier. 

Y a-t-il une vie à la dérive dans les nuages de Vénus

La surface de Vénus Crédits : NASA

« Sur Terre, nous savons que la vie peut prospérer dans des conditions très acides, se nourrir de dioxyde de carbone et produire de l’acide sulfurique », poursuit Rakesh Mogul, professeur de chimie biologique à l’Université d’État polytechnique de Californie à Ponoma, et co-auteur de ce nouveau papier. Il note aussi que « l’atmosphère trouble, très réfléchissante et acide de Vénus est composée principalement de dioxyde de carbone et de gouttelettes d’eau contenant de l’acide sulfurique ».

C’est grâce au biophysicien renommé Harold Morowitz et au célèbre astronome Carl Sagan que la question de l’habitabilité des nuages de Vénus fut soulevée pour la première fois en 1967. Soutenant l’idée que l’atmosphère de Vénus pourrait être une niche plausible pour la vie, une série de sondes spatiales lancées entre 1962 et 1978 a montré que les conditions de température et de pression dans les parties inférieures et moyennes de l’atmosphère vénusienne pourraient permettre à la vie microbienne d’évoluer. Les conditions de surface, cependant, sont connues pour être inhospitalières, avec des températures s’élevant au-dessus de 450 degrés Celsius.

Plus récemment, les chercheurs ont pris conscience de l’existence sur Terre de bactéries avec des propriétés d’absorption de la lumière similaires à certaines des particules non identifiées observées dans les nuages de Vénus, qui forment des taches sombres inexpliquées. Des observations spectroscopiques, en particulier dans l’ultraviolet, montrent que les taches sombres sont composées d’acide sulfurique concentré et d’autres particules inconnues absorbant la lumière. « Vénus montre des taches épisodiques riches en soufre, avec des contrastes allant jusqu’à 30-40 % dans l’ultraviolet, et atténuées dans des longueurs d’onde plus longues. Ces patchs persistent pendant des jours », explique Sanjay Limaye. Ces particules qui composent les taches sombres ont presque les mêmes dimensions que certaines bactéries sur Terre, bien que les instruments qui ont échantillonné l’atmosphère de Vénus à ce jour soient incapables de distinguer les matériaux de nature organique ou inorganique. 

Pour en avoir le cœur net, il faudra de toute manière se rendre sur place. « Pour vraiment savoir, nous devons y aller et “goûter” les nuages. Vénus pourrait être un nouveau chapitre passionnant dans l’exploration de l’astrobiologie ». En 2015, la firme de défense américaine Northrop Grumman proposait d’ailleurs à la Nasa un projet d’avion en structure gonflable pouvant voler un an dans l’atmosphère de Vénus. Le projet a été baptisé Vamp (Venus Atmospheric Maneuverable Platform). Dans le cadre de son programme New Frontiers, l’Agence spatiale américaine souhaite en effet lancer une mission sur Vénus à l’horizon 2021. Encore un peu de patience donc.

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